C-Cube | Gaspard Lautrey, La tête et les étoiles
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Gaspard Lautrey, La tête et les étoiles

Ce fils spirituel du baron de Münchhausen et de Leonard de Vinci imagine des machines oniriques pour des architectes, des plasticiens, des paysagistes, des musées ou des hédonistes. Et l’affaire est sérieuse.

Au visiteur, il tend un fauteuil de cuir digne du patron d’une société vedette du Cac 40.  » Celui de l’ancien maire de Manosque », précise-t-il, s’installant derrière sa table de travail sur laquelle un magnifique écran plat d’ordinateur, au blanc immaculé, est planté. Son bureau est aménagé dans une sorte de conteneur, en surplomb de l’atelier. Dans un coin, une batterie paresseuse traîre, attendant qu’on lui donne la mesure. Depuis mars, Gaspard Lautrey a changé de statut Le voilà élu, à son tour, à 32 ans. Avec le droit de porter l’écharpe tricolore, après avoir fait son entrée au conseil municipal de son village natal de Vachères. Cette reconnaissance citoyenne l’amuse beaucoup : « je suis considéré comme un notable 1 « , lance-t-il tout étonné, lui qui n’a pas été formaté pour en devenir un. A Sainte croix à Lauze, il est pourtant le premier employeur, avec une quinzaine de salariés. Le formatage, en réalité, a peu à voir avec son histoire. La sienne est héritée des idéaux de la France de 68. Le retour à la terre, chez les Lautrey, on l’a mis en pratique. Mieux encore, on y est resté. Aîné d’une fami lle de cinq enfants, ce fils de néo-ruraux a grandi dans les collines de la région de Banon, au milieu des chèvres. Le regard ouvert au monde, grâce à un père qui est son héros: ami des architectes, travaillant pour les troupes de théâtre, le paternel a exercé tous les métiers – réparateur d’horloges de clocher, créateur de bijoux, poti er, agriculteur, maçon, ferronnier, sculpteur. « Petit, je me disais « ce gars est fou: il a de l’or dans les mains, il n’en fait rien l »  » , commente le fils. Il lui a proposé de monter une société en commun, charge à lui de réaliser ce que concevait le père. Le petit a pris son envol, depuis. Seul. Et les affaires vont plutôt bien.

Son atelier est une sorte de caverne d’Ali Baba. Il envisage d’y poser une web-cam, pour suivre l’évolution des pièces en construction. » J’ai grandi dans ce foutoir », lance-t-il en haussant la voix pour couvrir le bruit du métal torturé. Ici, on travaille l’aluminium, l’inox ou le corten, la fibre de verre, les résines, le bronze, le bois et ses dérivés, pour donner forme aux extraordinaires machines que C-cube livre dans la France entière . des automates pour projeter des ombres dans un tunnel, des ambrières, une machine à sentir le vent, une volière géante pour des faisans dorés, une noria pour le patron d’une compagnie aérienne, un podium pour le festival de la mode d’Hyères, des lustres pour Zingaro, une roue à eau pour un parc public, des éclairages pour le festival de Cannes, une roulotte pour Ségolène Royal. Et bien d’autres collaborations, des paysagistes Gilles Clément et Eric Ossart à l’architecte Jean Nouvel. Pour l’avenir, projets et envies ne manquent pas. Trouver un éditeur, par exemple, pour produire le mobilier imaginé par ce suractif qui ne sait pas comment définir son métier-  » je suis un autodidacte, c’est la seule chose que je revendique ! « , se justifie-t-il. D’ici quelques semaines, Gaspard l’autodidacte livrera les trois unités habitables qu’il achève de construire avec Patrick Bouchain et Philippe Stark pour Troisgros. Réalisées en bois, métal et en pvc, couvertes d’un toit végétalisé et montées sur pilotis, elles serviront de gîtes de luxe aux clients du célèbre restaurateur.

Texte : Olivier-Jourdan Roulot , Photo : Jean-Michel Sordello – Côté Magazine

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