C-Cube | Urbain et décoiffé, Centre commercial Beaulieu
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Urbain et décoiffé, Centre commercial Beaulieu

Transformé, le nouveau centre commercial de l’île de Nantes, vient d’être inauguré il y a peu. Il affiche une posture joyeuse et décontractée dont la singularité métamorphose la morphologie de boÎte à chaussures, inhérente à ce type de programme. Il s’agit en fait de la troisième extension de ce qui fut dès l’origine, en 1975, l’un des premiers grands centres commerciaux de province. Implanté sur l’île en face du centre-ville, dans ce qui était alors considéré comme le nouveau quartier nantais, il alliait les avantages de la proximité à ceux d’un urbanisme contemporain. Ouvert par Ségécé pour le compte du propriétaire Cardimmo (aujourd’hui groupe BNP-Paribas), il répondait aux critères prévalant à l’époque. pour les centres commerciaux des quartiers périphériques : bâtiment aveugle, refermé sur lui-même et focalisé sur l’accès en voiture. Sa seule originalité tenait à ce que sa galerie commerciale de 60 boutiques et sa grande surface de 28.500m2 étaient situées au-dessus d’un parking en rez-de-chaussée de 1200 places, ouvert sur trois côtés. Sa zone d’attraction incluait alors environ 280.000 personnes. En 1987, le centre Beaulieu évolue pour conserver sa compétitivité. Un supplément de 25 boutiques et de 400 places de parking le porte à 30.200m2. Le stationnement en sous dalle est étendu à l’ouest et un parking sur terre-plein créé au sud-ouest, en accès direct avec la galerie.

Puis, au début des années 2000, Ségécé élabore en concertation avec la Ville de Nantes, Nantes Métropole et la CCl un nouveau projet à même de s’inscrire dans le projet naissant de 17/e de Nantes. Alexandre Chemetoff déjà chargé du schéma directeur de cette dernière et de son insertion urbaine obtient alors la commande du centre commercial. Se gardant d’être à la fois juge dans cette mission et parti pour l’opération commerciale, il fait appel à Patrick Bouchain, leur amitié de longue date facilitant le dialogue. L’offre procède d’un secteur étranger à la pratique de l’agence Construire mais le programme a l’attrait d’une terre d’aventure. Dans un esprit « espiègle » Patrick Bouchain accepte se sachant soutenu à la fois par l’urbaniste et par le maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault.

Les architectes, candides en la matière, proposent alors une solution « atypique » qui, à leur étonnement, séduit la maîtrise d’ouvrage. Et s’il reste à franchir deux obstacles (classiques) -la clientèle et les prix-, cela ne leur posera finalement guère de problème. Une enquête publique est commanditée auprès des utilisateurs actuels du centre pour vérifier la teneur du retour clientèle. Le projet de ‘Construire’ obtient 80% d’opinion favorable. Quant à la seconde épreuve, elle disparaît d’elle-même, leurs estimations de prix étant globalement conformes sinon inférieures aux montants proposés. Urbain avant tout De fait, il semblait logique que soucieux d’intégrer dans la ville le territoire de l’île de Nantes, Alexandre Chemetoff ait voulu faire passer le statut périphérique du centre commercial à celui de galerie marchande de centre-ville. Mais craignant la ghettoïsation, il envisageait de fractionner la grande surface, de rendre les parois transparentes et de créer une rue. « J’ai vite réalisé que cette démarche allait à l’encontre de son objectif, explique Patrick Bouchain. Pour être urbain comme ille demandait, il fallait au contraire construire l’intégralité de la parcelle dont le boulevard d’Aquitaine marquerait la limite sur le plan. On conserverait ainsi l’existant tout en l’agrandissant pour la plus grande satisfaction de la maitrise d’ouvrage. Les massives parcelles de la Bibliothèque Nationale, des Archives ou de la gare de Lyon, à Paris, ne sont elle pas des exemples d’urbanité ? Pourquoi, alors, un centre commercial de périphérie ne pourrait-il pas, lui aussi, être à l’échelle du centre-ville ? » Et c’est ainsi que partout où cela est possible ‘Construire’ bàtira des extensions qui viendront compléter l’îlot en s’alignant sur les voies périphériques. Ce sera d’abord, pour fermer la parcelle, un parking silo de 600 places. En forme de barre, il est construit sur une trame de portique en béton, doté à chaque extrémité d’une rampe d’accès hélicoïdale et haut de quatre niveaux (chacun avec un plafond de couleur distincte et le dernier couvert, fin 2008, par une centrale photovoltaïque placée en pergola qui produira l’équivalent de la consommation électrique de 50 logements). Pour assurer le passage et la ventilation naturelle des parkings, le nouvel édifice est séparé du centre commercial par une rue intérieure qu’enjambent au premier niveau deux cabanes -passerelles en tôle ondulée noire abritant les toilettes et reliant de plein-pied le silo à la galerie marchande. Puis, les extensions commerciales qui enserrent sur deux niveaux Je volume de la galerie existante. Au nord, cadrée par restaurants et services, la large place se raccorde d’un côté au mail existant et de l’autre au nouveau parvis urbain situé au contact du réseau de transports publics, à l’angle de l’avenue de Gaulle et de la rue Gaetan Rondeau et surmonté du vaste auvent formé par le redent de la façade qui marque l’entrée. Enfin, au sud, sur la limite parcellaire des immeubles de logements voisins, un tunnel acoustique recouvre les quais de livraison de l’hypermarché. Constitué de baffles suspendus et d’une grande paroi verticale absorbante, faite de métal déployé, il supprime les nuisances sonores pour les riverains.

La haie vive 

Restait, pour recréer un bàtiment ilot, à trouver un élément de façade qui uniformise dans le même plan bâtiments existants et extensions (parking silo, façades vitrées des restaurants, dos maçonnés des commerces) sans privilégier un élément plutôt qu’un autre. Au lieu d’un bardage qui dissimule le tout, Patrick Bouchain a imaginé d’emballer l’ensemble dans une sorte de grand claustra qui serait comme déchiqueté par le vent. Inspiré par des feuilles de roseaux, il l’a surnommé ‘la haie vive’. Les feuilles qui constituent ce claustra, fabriquées en Bulgarie et à Nantes même par une entreprise Alsacienne, sont de nature, de hauteur (14 à 16m) et d’inclinaison variables, toutes formées de caissons en cuivre ou en acier (galvanisé, inox ou corten). En jouant le rôle d’écran, elles préservent la ventilation naturelle des parkings, filtrent légèrement la lumière du jour devant /es façades vitrées, valorisent les panneaux de béton coloré et accueillent-dans leurs interstices les enseignes et les éclairages posés en drapeau. »

L’interieur

Les principes du projet urbain, conservation des éléments et la coexistence du neuf et du vieux, sont repris à l’intérieur de la galerie marchande. Aménagements et matériaux existants du vieux centre -comblanchien au sol, marbres sur /es parois verticales et laiton dans /es garde-corps ont été préservés et simplement prolongés ou juxtaposés aux nouveaux. Pour unifier l’existant et /es extensions nouvelles, une frise en tôle découpée en dents de scie et intégrant des petits luminaires a été spécialement conçue pour souligner la séparation entre /es façades des boutiques et le plafond du mail. Tous /es plafonds ont été déposés et peints de ton foncé pour augmenter les volumes et l’effet de hauteur. La couverture ainsi découverte a été percée, partout où cela était possible, de gros trous surmontés en toiture par des cônes de plexiglas afin de faire pénétrer la lumière du jour. Et pour que celle-ci dialogue avec la lumière artificielle, à ces cônes ont été accrochés des déflecteurs et de grands lustres dessinés avec élégance et astuce par Jean Lautrey. Réalisés à partir de tubes de métal, ils sont formés par une couronne à laquelle est fixée une série d’arcs dont la « corde » est un tube fluorescent. Fournis en pièces détachées pré-peintes, pré-cintrées et pré-câblées, ces lustres de trois dimensions différentes selon qu’ils présentent une, deux ou trois longueurs de tubes ont été aisément montés sur place. Clous du centre commercial, ils confèrent dès l’entrée, un caractère à la fois spectaculaire et domestique, joyeux et poétique très spécifique à ce lieu, caractère renforcé au rez-de-chaussée, par les accès aux parkings mis en valeur par l’utilisation de peintures et de lumières de couleurs vives et par des groupes de quatre appareils fluorescents uniformément répartis sur la totalité de la surface de stationnement. En Mars, le centre Beaulieu a ainsi muté une fois encore. Rénové et agrandi de vingt et une boutiques, d’un supplément de 1900m2 de grande surface (soit une superficie de 33. 713m2 GLA) et de 600 places de parking, il s’inscrit comme pôle majeur de centre-ville et répond aux exigences d’une zone de chalandise en plein essor démographique capable d’attirer des marques sur des moyennes surfaces.

ALE – Photo Cyril Weiner  – ArchiCrée

1 Commentaire
  • India

    octobre 19, 2016 à 8:06 Répondre

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