C-Cube | Théatre de plein air à Saint-Estève-Janson
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Théatre de plein air à Saint-Estève-Janson

Architecte : Jean Michel Frandkin

La modestie de la commande d’un petit équipement communal ne bride pas forcement l’ambition d’un projet d’architecture. En témoigne ce théâtre de plein air, qui réussit le tour de force de proposer une lieu festif très fonctionnel tout en offrant, en dehors des événements culturels, un espaces publique ouvert à la promenade et à la contemplation de ce beau paysage de la vallée de la Durance. 

Saint-Estève-Janson est une petite commune établie sur la rive gauche de la Durance, à 22 kilomètres d’Aix-en-Provence. Au-dessus du village, sous les pins et à flanc de vallée, une buvette et un terre-plein aménagé servaient depuis longtemps aux fêtes communales. Aidée par le CAUE 13, la municipalité a lancé un appel d’offres sur note d’intention pour construire un petit amphithéâtre de plein air et deux tours scéniques démontables. Elle a choisi de faire confiance à l’architecte Jean-Michel Fradkin. À trente-neuf ans, il appartient à cette nouvelle génération d’architectes comme Fernandez & Serres ou CAB qui, entre Nice, Marseille et Aix, s’imposent par une écriture rigoureuse très concrètement déterminée par la géographie méditerranéenne. Leurs aînés – Barani, Fanzutti, Sbriglio ou’ Ricciotti – ont su réintroduire la modernité dans un paysage dévasté par le genre pseudo-provençal. Eux continuent le combat, mais regardent beaucoup leurs voisins espagnols. Dans cette réalisation,on pense bien sûr aux Catalans de RCR.

En bon architecte, Jean-Michel Fradkin a commencé à réinterroger le programme. Il s’est vite aperçu qu’en restant dans le budget prévu, il pouvait proposer une scène de théâtre polyvalente permanente avec de vrais équipements, et a réussi à convaincre le maître d’ouvrage. Le nouvel amphithéâtre vient s’inscrire dans la concavité naturelle de la pente, les bancs sont constitués de poutres en bois reposant sur des crémaillères en béton. Le cadre de scène est une sorte de grande sculpture en acier oxydé prépatiné dont les moirures se confondent parfaitement avec le sol argileux jonché d’aiguilles et les écorces des pins alentour. C’est un portique ouvert, un peu comme un arc de triomphe marquant l’entrée d’une ville. Mais il évoque davantage un grand origami, surtout lorsque certaines de ses facettes se déplient afin d’agrandir la scène ou d’en fermer le fond. À cette expressivité sculpturale,répond l’extrême sobriété des autres aménagements : buvette, terrasses et piste de danse sont en béton brut, les arêtes parfois délimitées par des platines d’acier oxydé. La nouvelle topographie en restant intègre discrètement certains sols et petits locaux techniques existants. Seul le long porte-à-faux de la toiture-terrasse de la buvette, malgré son dessin minimaliste, vient marquer un point de tension en contrepoint de la scène.

Emmanuel Caille & Olivier Amsellem – D’architecture n°211

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